OXKE FIXU

« MA »: Les variations subjectives du vide, l’intervalle, la durée, la distance, le MA est cette chose si présente entre deux entités. Non visible, on l’appellerait le vide en occident, au Japon c’est l’espace, le temps entre deux phénomène qui pourrait accueillir quelque chose.. ou pas. »

« (…) le ce qui forme un ensemble, le ce qui forme un globe, le ce qui forme une matière, qui est un groupe, un regroupement, un engluement, un conglomérat, qui est une entreprise, qui marche comme une machine, qui tinte comme une machine, qui se répète comme une machine, le ce qui s’écrase, le ce qui ce tient, le ce qui est le plus proche, le qui est enseveli. » *
Ce poème de Tarkos fait écho à la recherche que nous menons dans ce projet. Nous travaillons sur la notion de synolon (un composé de forme et de matière en grec ancien) comme unité engendrée par une diversité d’éléments. La matière son devient masse, les gongs et la clarinette sont augmentés de préparations pour créer des granulosités multiples et communes, de sorte que les sons forment un bloc, présentent une richesse de strates pour une
même hauteur. Les musiciennes évoluent dans un espace structuré par des modules composés de masses de terre et d’accumulations de céramique. Ces modules forment une structure en micro-mouvement par la transmission des vibrations sonores des instruments et dont la forme évolue imperceptiblement au cours du spectacle par l’intervention de liquides. La lumière, ciblée et contrôlée en partie par les vibrations sonores et les mouvements des musiciennes, crée des illusions de masses, des objets lumineux, elle devient palpable ou rend palpable la vibration d’un son,
d’un liquide, d’une matière dont elle en révèle la complexité. Chaque onde, chaque élément est intrinsèquement lié, pour former une masse dont on ne réalise la multiplicité que ponctuellement. Le spectateur est pris dans une forme, un espace, une matérialité où le toucher se fait par les yeux et les oreilles, il est pris dans une masse qui n’est qu’une illusion créé par les artistes, illusion qu’il peut déjouer en cherchant le détail, le focus, la multiplicité. Cet aller-retour sensoriel invite au lâcher prise intellectuel pour se laisser prendre par la matière, vivre avec elle.

Xavière Fertin et Camille Émaille: clarinette, percussion et composition

Baptiste Joxe: création lumière

Aurore Émaille: sculptures